Impressions à fleur de mots

Trois mois maintenant que j’ai rejoint la Fondation Río Manta et le Barrio Miraflores…tant de découvertes, d’émotions, de visages, de mots mais aussi de silences…

J’ai senti le pouls et les battements de cœur des familles marginalisées, participé à leurs conversations, humbles et éloquentes, entendu leurs voix dénuées ou pourvues d’espérances.
J’ai vu les injustices, les malheurs, l’impuissance et le dénuement des plus pauvres, l’irresponsabilité et la violence culturelle. J’ai ressenti la solitude des femmes et des plus âgés, blessés dans leur dignité, le désarroi de ces enfants abandonnés, privés de leurs droits et parfois obligés de travailler très jeunes pour subvenir à leurs besoins.

Assise à leur table, j’ai ri avec eux, partagé leur quotidien, leur repas, parfois même leur intimité...

J’ai connu la simplicité, la chaleur humaine, l’hospitalité et la générosité de ceux qui n’ayant rien offrent le peu qu’ils ont.

J’ai vu combien leur vouloir vivre et leur foi sont porteurs d’espoir. Leur capacité au bonheur malgré les difficultés est bouleversante. La musique et la fête sont d’ailleurs partout présentes, comme un moyen de résistance, comme la réaffirmation de leur identité et de leur existence.

Instants de partage où je me suis sentie fragile, car dépourvue, impuissante…Instants de communion où, sur le chemin du pardon, à soi, à l’autre, au destin, je m’expose et ose être vulnérable afin de vivre pleinement la rencontre. Rencontre qui m’affecte, en ce sens qu’elle me transforme comme elle transforme l’autre.

Instants de plénitude où le sens de la vie tient dans cet engagement solidaire de tous au service de l’autre, dans l’absolu de ces rencontres, dans cet éblouissement partagé de cœurs insatiables et impatients de se dire.