L'aurore chemin faisant
A l’heure où le coq éternue, je m’en vais de par les rues encore désertes… livrée au plaisir de l’errance oisive, fidèle à la sagesse taôiste qui enseigne qu’il ne faut vivre qu’à demi…Je prête l’oreille et perçois le bruit des feuilles poussées par le vent. Sur la peau, une légère chaleur. Un souffle. Une attente qui n’attend rien.
Je laisse le paysage me traverser les yeux. Dans l’épiphanie de la transparence, se lovant dans l’air, le silence ruisselle et monte comme lierre sur les murs du jour…
J’avance dans le matin, promeneur amoureux, étourdie de présent, où tant de routes et d’espaces restent à parcourir, jusqu’au verger du ciel que je visite pour contempler ses fruits… où je me plais à tisonner le soleil pour un peu de lumière.
J’accumule le temps dans la minute…
Rien ne désaltère mon pas, j’avance encore, insatiable, le regard sans frontières, cherchant à peindre le frémissement des visages et des ombres…humant le bourgeonnement de l’être…
Les paysages deviennent des rencontres, des fontaines où s’étanche la solitude… Je demeure là, où l’être s’enracine en son vivre, la saveur de l’aube dans la gorge, éprise d’un ici et maintenant, solidaire de ces printemps qui restent à boire… laissant mes rêves me servir de parapluie contre les averses…